Les témoignages de soutenance...

Les textes ci-dessous proposent des témoignages de 3 stagiaires de la première promotion (Isabelle, Evelyne et Lucie) et de 3 personnes engagées dans la seconde promotion (Marta, Marina et Sandrine). A travers leurs mots, on peut perçoit l’importance de le moment particulier ! En filigrane, elles témoignent aussi des processus vécus au travers de ce parcours de formation et ce cheminement intérieur de 4 années…

... des Nudiste colorées

... des stagiaires de la promotion Grenade

Isabelle

« Ah qu’ils sont beaux ces arc-en-ciel libres ! »

C’est ce que pourrait m’écrier du fin fond de la salle des soutenances de mémoires, en voyant s’exprimer, devant mes yeux émerveillés et amusés, mes collègues de formation. Car, telle une enfant, je suis ravie de recevoir en plein cœur un feu d’artifice de couleurs. J’ai envie de partager ma joie dans une fulgurance de rouge poussée par une expiration de jaune… Et cependant, mon enthousiasme reste contenu et je reste silencieuse, lovée dans mon intériorité. Je suis touchée au plus profond…

Plusieurs abeilles marraines-fées ont préparé un chaleureux et bleu cocon pour accueillir les dernières métamorphoses. Un espace sécure est donc préparé pour que chacune puisse donner à voir de nouvelles facettes du joyau qu’il est. L’ ambiance est douce et feutrée, délicatement parfumée de fleur de pêcher…

Je vis ce moment comme un temps de célébration, de communion. Un moment « sacré ».

Je parcours la salle du regard. J’y vois un espace de rencontre entre différentes histoires de vie qui se feraient écho. S’y mêlent des histoires de vies d’acteurs et de des histoires de vies de spectateurs. Les acteurs, personnes en fin de parcours de formation donnent à voir des images. Les spectateurs, famille, amis, anciens et futurs collègues, écoutent ces récits d’expériences en faisant vivre en eux leurs propres images.

Notre première promotion a choisi pour nom « Les nudistes colorées » car nous avons compris dès les premiers instants de la formation que nous allions nous mettre progressivement à nu pour aller nous rencontrer au-delà des apparences. Et en ce jour de soutenance, soutenues par la méthode Margarethe Hauschka, soutenues par le vécu de la formation qui nous a fortifiées, et soutenues par les êtres chers de l’auditoire, chaque « nudiste colorée » se dévoile pour partager une intimité, celle de l’être au-delà de la forme connue. Se mettre à nu devant des êtres proches et devant des inconnus.

Comment est-ce possible d’en arriver là ? Ne serait-ce pas une histoire de fond qui porte la forme ?

C’est sûrement parce que, tout au long du processus de la formation, chaque élève a eu la chance d’être (comme en atelier de peinture) accompagné individuellement au sein du groupe, par une formatrice HORS norme et DANS le JE… offrant du bon, du beau et du vrai.

Durant la formation, chaque « nudiste colorée », à son rythme, a ainsi pu aller rencontrer ses mondes colorés, ses nuances, ses ombres et ses lumières… Nourrie également par le fond de la méthode, chacune a expérimenté encore et encore, pour nourrir à son tour, le fond collectif.

Durant tout le temps de formation, se vivent des expériences particulières : lâcher, tenir… Accueillir ses émotions… Rester là et Respirer… Se retourner… Lâcher, tenir… Avancer en rythme… Accompagner, s’engager et créer… Faire naître, grandir, mourir… Se retourner… Lâcher, tenir… Composer, décomposer, recomposer… Se retourner… Lâcher, tenir… Chercher l’unité ET l’équilibre à 2, à 3, à 4 à 7… Et bien d’autres expériences encore.

Se retourner autant de fois que la vie le demandera… Et se souvenir qu’« une patience infinie donne des résultats immédiats ».

C’est à devenir fou et à devenir flou ?! Et pourtant nous y devenons plus saines et plus sages, et de plus en plus nets en image. Mes collègues et moi portons le témoignage de nos retournements successifs qui font qu’aujourd’hui… Ô miracle… les pieds sont plus ancrés au sol et la tête est à l’endroit. La tête est à l’endroit qui élabore la pensée claire, portée par le coeur vivant. Pour un temps, jusqu’au prochain déséquilibre qui conduira au prochain retournement.

Parce que oui, nous sommes bel et bien dans le vivant… Et c’est un chœur vivant de « nudistes colorées » qui se tient debout pour célébrer le courage d’avoir tenu le pinceau et de s’être mis au service des couleurs et à l’ouvrage !

Pour ces soutenances, nous sommes réunis pour un temps de partage qui est aussi moment de passage de relai pour soutenir les futurs collègues en formation. Mes compagnes de chemin et moi témoignons que nous sortons VIVANTES de ce long processus de métamorphose qu’est la formation. Nous avons vécu une palette d’émotions, allant de la joie jusqu’à la désespérance, en visitant de ci de là, entre autres, la colère et l’impuissance. Et nous témoignons des doutes qui reviennent nous visiter régulièrement (et sainement) sur la compréhension de la méthode.

Comprendre… Nous aimerions comprendre… Alors que tout semble oeuvrer comme par magie… Peut-être comprendrais-je un jour… En attendant j’agis et j’observe…

J’observe que la mise en forme des mots par l’écriture du mémoire me permet d’intégrer mes expériences pour commencer à trouver une unité dans ma biographie. Progressivement tout prends corps. Tout prend forme. J’observe que la mise en forme par l’expression orale me permet de faire le lien entre ma biographie et celles des autres, d’intégrer mon individualité dans le collectif, et donc dans l’universel. J’observe que ce temps de partage en fin de processus de formation est pour moi un temps important. J’y exerce une nouvelle fois le jeu d’acteur-spectateur préalablement expérimenté en atelier, durant la formation, et lors de l’écriture du mémoire. C’est un pas de plus de l’acteur spectateur qui va jusqu’à s’observer lui-même. Un autre point de vue et d’autres perspectives…

Je prends le temps de regarder d’où j’ai commencé et où je suis ici et maintenant. C’est en montrant mes intimes peintures (et notamment celles que j’avais faites en débutant en atelier hebdomadaire il y plusieurs années en arrière) que je prends réellement conscience de mon chemin parcouru.

Et m’appuyant sur l’observation de ce chemin parcouru, je me soutiens moi-même. Je peux alors requestionner mon engagement sur cette voie, redéfinir pourquoi j’ai fait cette formation, redéfinir ma « mise au service de », recontacter mon désir de participer à la transmission du vivant de tout ce que j’ai reçu… et comme le dit une de mes chères collègues éclaireuse :
« renouveler mes vœux ». Et, je fais le vœu de continuer à nourrir l’espoir comme on nourrit un fond, et de m’y laisser percevoir « l’Ad venir » qui pourrait y prendre forme.

En définitive, j’observe que ce temps de soutenance de mémoire peut être le moment d’un grand retournement, individuel et collectif. Je le comprends en le vivant moi-même pendant ma soutenance. Je me surprends à improviser : je me laisse inspirer, j’expire et je me mets en mouvement. Voici que je participe à la mise en forme d’une invitation au retournement !

Se retourner… Pour changer de perspectives, pour se voir soi et les autres différemment… Pour créer un passage vers un monde où l’on peut respirer plus grand… Un monde où chacun incarne dans son quotidien, debout entre Terre et Ciel, son arc-en ciel libre et vivant.

Evelyne

« La soutenance » fait partie d’un tout. Un instant court et long à la fois durant lequel l’essentiel doit être exprimé pour être transmis. Aujourd’hui encore la conscience de la préciosité de cet instant se dilue dans mon quotidien. Cela m’accompagne les jours de grisaille intérieure, apporte autant de douceur que de
de sécurité sachant que cette communauté d’esprit existe et que j’ai choisi d’en faire partie.

C’est encore un flot d’émotions ressenties quand on se soutient soi-même, un face à face avec soi et les autres qui reçoivent. On se livre, à nu, notre âme s’exprime
toute en authenticité, nettoyée et apaisée, pour témoigner d’un parcours si dense, parfois aride, mais salvateur.

Absorber les connaissances, vivre les expériences, les partager, les reprendre, les remettre, les digérer… c’est une chose. Les écrire, s’en est une autre encore. On s’aperçoit que tout s’éclaircit, que les choses se posent d’elles-mêmes, que l’on refait le tour de soi, qu’on en appelle à l’intérieur pour parfaire le travail. Une étape de plus. Donner à voir ce TOUT, correspond déjà à une montée en puissance dans la libération et l’accomplissement du retournement qui s’opère. Une nouvelle étape est franchie. Mais l’aboutissement final se produit dans la majesté du retour de ces autres femmes colorées, de celles que l’on regarde et que l’on écoute transmettre, ces consœurs dont le parcours pourtant connu vient bouleverser nos âmes exposées en profondeur. Un lien s’est tissé, indéfectible et ténu et il se vit, ici et maintenant dans la conscience.

Oui « cette soutenance » a toute son importance ; elle marque la fin d’une formation dense, riche qui a modelé notre regard de l’extérieur vers l’intérieur, mais aussi à l’inverse. Elle nous a appris à prendre de la distance à tous les niveaux de conscience, pour soi-même et pour les autres, « un médicament de l’âme » disait Margarethe Hauschka, il est désormais actif en continu. On ne peut qu’éprouver à ce stade l’envie de l’offrir, c’est un véritable cadeau porté par les couleurs. L’écrire, puis le dire, le montrer et le voir consolident ce retournement qui paraissait si flou voire inaccessible. Là, on le ressent comme une explosion de joie intérieure infinie et pure. C’est un moment de qualité imprimé proche du merveilleux.
Cette soutenance annonce aussi le « tout début du commencement » d’autre chose,
la mise en route du pèlerin, de celui qui va à son tour poursuivre la transmission.
C’est l’aboutissement. C’est en cela que je me sens aussi touchée aujourd’hui, par
le goût et l’envie de donner à voir du beau, du bon et du vrai et de l’emporter avec
moi dans le monde.

 

« La soutenance » fait partie d’un tout. Un instant court et long à la fois durant lequel l’essentiel doit être exprimé pour être transmis. Aujourd’hui encore la conscience de la préciosité de cet instant se dilue dans mon quotidien. Cela m’accompagne les jours de grisaille intérieure, apporte autant de douceur que de
de sécurité sachant que cette communauté d’esprit existe et que j’ai choisi d’en faire partie.

C’est encore un flot d’émotions ressenties quand on se soutient soi-même, un face à face avec soi et les autres qui reçoivent. On se livre, à nu, notre âme s’exprime
toute en authenticité, nettoyée et apaisée, pour témoigner d’un parcours si dense, parfois aride, mais salvateur.

Absorber les connaissances, vivre les expériences, les partager, les reprendre, les remettre, les digérer… c’est une chose. Les écrire, s’en est une autre encore. On s’aperçoit que tout s’éclaircit, que les choses se posent d’elles-mêmes, que l’on refait le tour de soi, qu’on en appelle à l’intérieur pour parfaire le travail. Une étape de plus. Donner à voir ce TOUT, correspond déjà à une montée en puissance dans la libération et l’accomplissement du retournement qui s’opère. Une nouvelle étape est franchie. Mais l’aboutissement final se produit dans la majesté du retour de ces autres femmes colorées, de celles que l’on regarde et que l’on écoute transmettre, ces consœurs dont le parcours pourtant connu vient bouleverser nos âmes exposées en profondeur. Un lien s’est tissé, indéfectible et ténu et il se vit, ici et maintenant dans la conscience.

Oui « cette soutenance » a toute son importance ; elle marque la fin d’une formation dense, riche qui a modelé notre regard de l’extérieur vers l’intérieur, mais aussi à l’inverse. Elle nous a appris à prendre de la distance à tous les niveaux de conscience, pour soi-même et pour les autres, « un médicament de l’âme » disait Margarethe Hauschka, il est désormais actif en continu. On ne peut qu’éprouver à ce stade l’envie de l’offrir, c’est un véritable cadeau porté par les couleurs. L’écrire, puis le dire, le montrer et le voir consolident ce retournement qui paraissait si flou voire inaccessible. Là, on le ressent comme une explosion de joie intérieure infinie et pure. C’est un moment de qualité imprimé proche du merveilleux.
Cette soutenance annonce aussi le « tout début du commencement » d’autre chose,
la mise en route du pèlerin, de celui qui va à son tour poursuivre la transmission.
C’est l’aboutissement. C’est en cela que je me sens aussi touchée aujourd’hui, par
le goût et l’envie de donner à voir du beau, du bon et du vrai et de l’emporter avec
moi dans le monde.

Lucie

J’ai commencé cette formation d’art thérapie avec l’atelier Raphaël en 2018, diplôme obtenu par la rédaction d’un mémoire sur le thème du Moi thérapeutique et le passage d’une soutenance validant ainsi 4 années d’enseignement.

Avant cette formation, en 2014 j’avais eu un 1er diplôme en art thérapie d’une école faisant référence en France. Formation sous « égide médicale » où l’on m’a donné des outils et où l’on m’a appris à séparer le psychologique du médical. Toutes les notions de transfert et contre transfert étaient tues intentionnellement car un art thérapeute n’est pas un psychologue.

J’avais donc commencé à travailler en EHPAD service fermé Alzheimer ainsi qu’en clinique psychiatrique au sein d’un hôpital de jour. Je ne me sentais absolument pas légitime dans mon métier et je faisais ce que je pouvais avec les connaissances que l’on m’avait données. J’avais la connaissance théorique mais le terrain professionnel s’avère toujours différent. J’avais parfois du mal à comprendre les tenants et aboutissants, j’avais l’impression de « bricoler ». De plus je me sentais seule, personne avec qui échanger ou qui pouvait m’épauler. J’étais à la recherche de connaissances, d’un savoir faire et de conseils d’autres professionnels pour m’assoir dans ma pratique.

J’ai commencé cette formation d’art thérapie avec l’atelier Raphaël en 2018, diplôme obtenu par la rédaction d’un mémoire sur le thème du Moi thérapeutique et le passage d’une soutenance validant ainsi 4 années d’enseignement.

Avant cette formation, en 2014 j’avais eu un 1er diplôme en art thérapie d’une école faisant référence en France. Formation sous « égide médicale » où on m’a donné des outils et où ont m’a appris à séparer le psychologique du médical. Toutes les notions de transfert et contre transfert étaient tues intentionnellement car un art thérapeute n’est pas un psychologue.

J’avais donc commencé à travailler en EHPAD service fermé alzheimer ainsi qu’en clinique psychiatrique au sein d’un hôpital de jour. Je ne me sentais absolument pas légitime dans mon métier et je faisais ce que je pouvais avec les connaissances que l’on m’avait données. J’avais la connaissance théorique mais le terrain professionnel s’avère toujours différent. J’avais parfois du mal à comprendre les tenants et aboutissants, j’avais l’impression de « bricoler ». De plus je me sentais seule, personne avec qui échanger ou qui pouvait m’épauler. J’étais à la recherche de connaissances, d’un savoir faire et de conseils d’autres professionnels pour m’assoir dans ma pratique.

En prenant appui sur mon expérience professionnelle, mes interrogations ainsi que mes découvertes, j’ai décidé d’axer mon mémoire sur l’importance du Moi du thérapeute que j’ai appelé le Moi thérapeutique, qui doit palier le Moi défaillant ou endormi des personnes prises en charge en atelier. Ce fameux Moi que j’ai cherché pendant quelques années et que j’ai pu nommer, définir et appréhender grâce à cette formation cela la méthode de Margarethe Hauschka. Le fait de devoir rédiger un mémoire m’a forcé à avoir une rigueur dans mes recherches et des pistes de réflexions plus profondes. J’ai pu mettre en ordre et faire des connexions dans les enseignements donnés afin d’aller chercher l’information juste et adéquate et de comprendre les fameux tenants et aboutissants. Cette méthode de peinture avec le travail des couleurs et de rythme permet, entre autre, une métamorphose des émotions qui m’a permis de mettre à jour mon Moi le rendant ainsi plus solide.

La soutenance cristallise dans le temps 4 années d’investissements mental, financier et familial. C’est réussir à condenser 4 années de vie, d’enseignements professionnels ET personnels en 30 minutes et quelques peintures. Je n’ai jamais été à l’aise pour parler en public ni pour parler de moi. Heureusement j’ai pu compter sur la bienveillance de l’assemblée qui m’a accompagnée dans mes reprises d’air lorsque mon Moi avait du mal à tenir la barre du navire, merci à elle car j’ai pu libérer l’émotion.

En regardant en arrière je me rends compte que grâce aux fondements de la méthode, à leurs compréhensions et à leurs intégrations quelque chose de moi à pu se retourner. J’ai gagné en maturité et j’ai pu me reconnecter à ma sphère émotionnelle qui était jusqu’alors bien protégée par mon mental. Mes émotions me font moins peur, j’accepte leurs variations et elles ne sont plus autant coupées. Le travail sur les tempéraments et les blessures entre autres ont permis de venir dégager/découvrir des parts de mon Moi. Je suis maintenant suffisamment en sécurité intérieure pour pouvoir accompagner des personnes de manière juste, vivante et adaptée.

A présent cela fait 7 ans que je travaille à temps plein en psychiatrie, j’essaye de porter en moi et avec mon Moi les fondements de la méthode dans mes prises en charges. Je peux maintenant m’appuyer sur le soutien d’une communauté d’art thérapeutes formées à la méthode Hauschka, notamment les personnes de ma promotion, afin d’échanger sur nos prises en charge par le biais d’intervisions régulières où l’on peut se conseiller et échanger nos ressentis et points de vue. Les intervisions et supervisions avec notre formatrice sont des lieux d’écoute où les jeux de transfert et contre transfert peuvent être mis à jour et détricotés ensemble avec bienveillance et chaleur.

Je ne regrette absolument pas mon choix en 2018 d’avoir entamé cette formation qui est et restera dans ma pratique professionnelle un terreau solide et indéfectible. Cela m’accompagne également dans ma vie personnelle.

 

Les témoignages des stagiaires de la promotion Grenade

Marta

Deux jours de rêve

Octobre 2023, temps de grandes retrouvailles colorées au Carmel de Moissac, qui nous accueille toujours comme un grand bleu. Notre promotion Grenade a franchi le seuil de la première année (même si chaque module, chaque peinture, est en soi un seuil) et on se retrouve aux portes d’une deuxième année qui promet être aussi riche et dense en Apprentissage que la première. Apprentissage au sens le plus large du terme, non seulement de réception d’enseignements mais aussi de connaissance de soi, de partage et de conscience. Et c’est dans ce cadre que nous avons le privilège d’assister aux soutenances de la promotion des Nudistes Colorées qui nous précède. Je me suis demandée quels seraient les sujets qui y seraient abordés mais n’ai pas voulu donner

 

suite à des possibles conjectures ; c’est plus juste d’y aller sans aucune attente : sur la planche symbolique de la petite histoire du moment, la feuille mouillée de notre être peut, comme ça, se laisser habiter par les touches colorées déposées par les mots des soutenantes. Le moment venu, l’agréable surprise a été de nous retrouver devant des présentations performées de façon très vivante, gaie, exposées avec l’âme, depuis le vécu de l’âme, fruit d’un travail personnel que je sais grand et long, pas toujours facile, par ma propre expérience d’apprentie encore novice. Ce n’est pas du tout le but ici de résumer le contenu de ce qui a été dit. Heureusement, car je me rends compte, d’ailleurs, que même si j’ai été très attentive, j’en suis, malgré moi, incapable. Elles ont parlé de bouillons colorés, de rythme, de séries, de craquer, de parcours de vie, du soutien de la couleur… et de retournement. Sachant qu’au long de la formation ce n’est pas rare de se retrouver à pleurer de toutes les larmes de son coeur rien de plus ni de moins que devant un bleu, ou un jaune, ou une autre couleur, ça a été très rassurant pour nous, qui sommes en train de passer par ces zones nébuleuses du désordre qui précède l’ordre, de les entendre dire, elles aussi, comme fait toujours Cathy, qu’on peut faire confiance à la couleur, qu’elle va nous guider inébranlablement, et que le retournement arrive à son temps. Cela a été très inspirant de sentir en elles, toutes, la grande joie et fierté de présenter le chemin parcouru pendant pas moins de quatre ans.

Ces présentations pures, belles et vraies, nous ont permis de les écouter avec l’oreille spirituelle et d’en absorber le bon. C’est pour ça que je trouve que chaque soutenance ne s’explique que par elle-même, tout comme une oeuvre d’art, une mélodie ou un poème. Pour continuer avec l’image utilisée précédemment, je dirais que leurs différents arc-en-ciels, avec les nuances d’ombre et lumière des cheminements propres, ont pu ainsi être déposées sur la feuille mouillée de notre être, avec l’astralité d’abord, et y faire émerger, dans l’éthérique, ce qui touchait chacune de nous au plus profond, comme dans la rêverie dans laquelle on plonge quand on peint. C’est comme ça, dans cette écoute de l’âme, que je me suis retrouvée, par exemple, à ma grande surprise, avec une explosion d’émotion existentielle qui m’a débordé, lorsque Michèle a montré une de ses peintures en rouge et a parlé de Lucifer et Ahriman, que j’y ai découvert. Je n’en saurais dire plus maintenant, mais je sais que l’émotion qu’elle m’a réveillée m’a montré du doigt une porte à ouvrir, une trace à suivre plus tard, une inspiration vécue comme fondamentale… Serait-ce cet espace de liberté à conquérir entre ombre et lumière pour qu’elles ne soient pas en combat mais en danse, comme un jeu de complémentaires ? Une question qui pourrait être formulée éventuellement de la même sorte par nous toutes, mais qui exprimerait, en même temps, une autre quête. La réponse n’est pas importante maintenant, elle fait son chemin. Je suis sortie de ces deux denses journées de rêve, si riches en Apprentissage, sainement fatiguée mais nourrie, et toujours émerveillée. Merci à Barbara, Camille, Emeline, Evelyne, Isabelle, Lucie, Marité, Michèle et Nanette de s’être dénudées devant nous. Parce qu’avec leurs soutenances on a touché à l’universel et au particulier de l’être en même temps. Elles ont arrosé les feuilles de nos âmes qui ont rêvé, et qui vont continuer à se réveiller tranquillement, en confiance, réconciliées avec le temps, aussi grâce à la trace des eaux colorées de leurs mots.

Marina

L’unité dans la diversité. C’était en octobre dernier, les rayons du soleil d’automne nous baignaient encore dans une douce chaleur à Moissac. Notre promotion  Grenade était là, présente, à la fois émue, enthousiaste et curieuse de découvrir les soutenances des Nudistes Colorées qui nous ont précédées sur le chemin que nous avons emprunté, nous aussi, il y a un an et demi. Barbara se lance, et c’est parti ! Nous avons au fil des témoignages, été embarquées dans des univers colorés entre ombre et lumière, incomparables, touchants, et uniques. Nous avons vu la beauté de ces êtres animés, partis à la conquête de la terre, de l’eau, de l’air et du feu. Les interventions sont vivantes, le langage employé se distingue de celui du mental et de la volonté, nous comprenons parfois sans comprendre, c’est un langage qui nous relie. Sans aucun doute, elles avaient dû recevoir de la bonne nourriture durant leur voyage. C’est ce dont témoigne Camille, en nous partageant son « bon bouillon ».

Ce bon bouillon nourricier, aussi puissant et vital que la nourriture
liée à nos besoins physiques (comme le décrit si bien Simone Weil : « Lorsqu’une âme est sans nourriture, l’humain sombre dans un état plus ou moins analogue de la mort. »). Ainsi, cette nourriture porteuse de vie, Camille l’aura reçue, digérée, intégrée de façon à se l’approprier, l’offrant à son tour, tinté de ses couleurs propres, à son image. Avec Lucie je suis rentée dans l’intériorité, en quête de flamme intérieure, visiblement trouvée. Bien ancrée dans la matière, se dressant dans la verticalité, faisant harmonieusement jouer la complémentarité de l’eau, lorsqu’il s’agit d’accueillir l’émotion avec fluidité et souplesse. Ainsi, tous ensemble nous avons fait appel à l’air, en ‘’inspirant’’, ‘’expirant’’, faisant circuler l’émotion, libérant l’espace, pour révéler la lumière. Enfin, je me suis reconnue dans le mémoire d’Isabelle. La notion de retournement a été évoquée, illustrée par un retournement physique sur nous-même. A cette époque, le retournement (visiblement opéré par chacune des Nudistes Colorées), m’apparaissait comme une sorte de but, le Graal, l’aboutissement de la formation. En rentrant, je me remets en chemin, peignant de belles peintures, avec ce mystérieux retournement qui fait partie de notre vocabulaire depuis les soutenances et la série respiratoire. Cette 6ème peinture de la série devient l’objet du désir, le Graal, en plus j’y suis, c’est ma septaine, j’ai bien intérêt à faire un beau retournement, bien beau, bien propre. Ainsi je mets du cœur à l’ouvrage. Je commence la série, comme toujours je rencontre des cailloux dans ma chaussure, des prises de conscience émergent, mais à mon sens ce n’est pas le plus important, tout se joue dans cette peinture de retournement, que je réalise sans trop de difficultés, bien belle, bien propre, une belle façade. Jusqu’au jour où, lors d’un stage cette fameuse peinture de retournement se présente à nouveau. Pas de problème, je sais la faire. Je commence en haute dilution, tout va bien, mais en s’incarnant ce bleu de Prusse que je connais si bien m’est pour la première fois inconfortable. Je vois les traits grossiers du pinceau, le manque de nuances me renvoie ce trou béant au milieu de ma feuille, avec impossibilité de faire ce dégradé qui est un vrai soin d’habitude. Je redouble d’efforts, avec cette « volonté volontaire », malgré les douleurs physiques qui commencent à se faire sentir. Plus je continue, pire c’est. J’abandonne. J’arrête. Le constat est là, je n’y arrive pas. Et c’est ainsi que la carapace lâche et se fissure, en acceptant de se voir, comme on est, accueillant ce qui est, dans ce jeu d’acteur spectateur. Un voir au-delà de tout jugement, toute souffrance. Ce fut libérateur pour ma part de pouvoir lâcher les rênes, et de s’en remettre à autre chose. Ainsi, en cette journée d’automne à Moissac, devant cette représentation grandeur nature de l’apologie du vivant, nous avons toutes et tous été témoins de ces métamorphoses, de ces retournements, qui finalement ne sont pas une fin en soi, comme j’avais pu l’imaginer, mais un art de vivre. Un art de vivre qui ne préserve pas des cailloux dans la chaussure, ni des obstacles ou des écueils. Un art de vivre, précieux outil, qui permet d’appréhender le chemin différemment, avec la conscience de quelque chose de plus grand que nous, en nous. Une base à déposer sous nos pieds, solide et souple, qui accueille le perpétuel déséquilibre et harmonise.


Sandrine

Octobre 2022, je suis présente aux soutenances de mémoires des élèves de la première promotion de l’atelier Raphaël. C’est la troisième fois que j’assiste à des présentations de ce type, mais cette fois, en simple spectatrice. Pourtant, je le sais, je serai soumise au même exercice dans 3 ans. En effet, en 2021, dès mon premier jour de formation passé avec la deuxième promotion, “les grenades”, j’avais senti que j’irai au bout de cet enseignement, même si je n’étais alors engagée que pour la première année. Répondre favorablement à l’invitation de Cathy de venir assister à ces soutenances, était donc la signature de ma décision de continuer, d’une manière ou d’une autre, à expérimenter la méthode HAUSCHKA aux côtés de ce beau groupe. L’objectif pour Barbara, Evelyne, Isabelle, Emelyne, Camille, Marie-Thérèse, Lucie, Nanette et Michèle qui se succèdent devant nous : se présenter et nous parler de la méthode HAUSCHKA et de ses révélations colorées, à travers un exposé oral dont le fil conducteur est “passé/présent/futur”. L’exercice n’est pas aisé. Je le sais pour l’avoir réalisé deux fois en 2017 et en 2018 dans une autre école. Les souvenirs affluent, je suis fébrile. Je me souviens de mes méninges torturées en le préparant, de mes doutes, mes découragements mais aussi de mes trouvailles, mes espoirs retrouvés, mes victoires…. un cerveau en ébullition qui avait finalement trouvé la paix, en ordonnant tout ça de façon cohérente. La mission est d’autant plus complexe que le public dans la salle est hétérogène et la méthode Hauschka difficile à vulgariser. Elle est puissante, riche, mais elle a son langage propre, échappe à la raison et sa subtilité la rend difficile à raconter. C’est une méthode qui se vit bien plus qu’elle ne se raconte. J’avais prévu de n’arriver pour les soutenances que le mercredi, mais ai mis tout en oeuvre pour venir dès le mardi après-midi car le tirage au sort avait programmé l’intervention de Barbara en premier et il était important pour moi d’être présente à sa soutenance. Je me sentais particulièrement proche de Barbara à côté de qui j’avais passé les 4 jours de la session sur le travail des émotions. Chacune avions passé une étape lors de cette session. J’étais curieuse de voir si ce travail serait présenté dans son oral. J’ai été étrangement heureuse qu’il le soit… Je m’aperçois qu’il me serait difficile de développer certaines interventions et ce, malgré mon écoute attentive lors de cette journée et demie. Mais pour résumer, j’associe à chacune, ou des mots, ou une idée générale, ou des couleurs, ou un exercice, ou des expériences, ou des révélations, ou un peu de tout ça… Des histoires vivantes, personnelles, uniques, racontées avec une sensibilité et un vécu propre. Chacune nous a livré “des bouts” d’elle. Des “bouts” qui sont en mouvement perpétuel pour l’unité, l’harmonie, l’équilibre. Elles ont trouvé, ont reperdu, ont recherché, ont retrouvé…. et continuent. On a pu passer du rire aux larmes, en retrouvant dans chacune, un peu de Soi. Je retiens des vibrations individuelles, une vibration collective. Des courages. Des forces. Des ombres et des lumières. Des femmes au service du collectif. J’ai ressenti des âmes colorées. Un goût d’universel et d’éternité. Et je suis toujours fascinée en constatant qu’un même exercice, une consigne identique, se traduit de façon si différente d’une personne à une autre ou pour une même personne qui réalise le même exercice à deux moments différents de son évolution. Je suis très heureuse d’avoir pu assister à ces témoignages. Merci de nous l’avoir permis.